Q. Ça c’est
passé comment, la rencontre avec les Guitars Unlimited ?

R. C’est
Gimenes, le premier qui est venu. C’était en 1964, et c’est lui qui m’a
donné les directives pour faire une guitare comme ça. Parce qu’ils
avaient tous des Gibson, et il se passait quelque chose : ils n’étaient
pas contents de leurs Gibson, des Gibson qui valaient cher, pourtant …
Q. Sur la
pochette du deuxième album des Guitars Unlimited, celle où ils sont
derrière les grilles du parc Monceau …

R. … il y en a
encore un ou deux qui ont des Gibson. Raymond Gimenes a déjà une
Jacobacci. Malheureusement, Paul Piguillem (4ème en partant de la
gauche) est décédé, et Francis Le Maguer (3ème en partant de la gauche)
aussi, je crois. Victor Apicella (1er en partant de la gauche) est mort
il y a longtemps.
Q. Sur
la
première photo, il y a au moins trois Jacobacci
R. Là, il y en
a trois, oui. Raymond Gimenes (1er en partant de la gauche), Francis Le
Maguer (2ème en partant de la gauche) et Pierre Cullaz (4ème en partant
de la gauche). Raymond Gimenes en a une autre, qui n’a pas le même
cordier …
Q. Oui, c’est
celle que nous avons
vue chez lui …
R. … avec un
micro Gibson, un micro barrette …

Q. Oui, un
« Charlie Christian ». Toutes les trois ont un micro « Charlie
Christian ». Nous nous demandions si celle que tiens Paul Piguillem
(3ème en partant de la gauche) n’était pas aussi une Jaco …
R. Non,
celle-ci, c’était une ES-175.
Q. Ça
ressemble à une publicité pour les amplis Stimer …
R. Shade !
C’était les amplis Shade … Quand même, dans les instruments et les
amplis, quatre-vingt pour cent c’est le musicien … Je ne sais pas si
les instruments et les amplis sont bon ou mauvais, mais quand le
musicien est bon, tout est bon ! Je me souviens d’une anecdote, c’était
au Bataclan, à Paris, il y avait des groupes qui passaient, à un moment
donné, il y avait des amplis qui étaient tombés en panne, et un des
groupes qui passaient (la personne qui avait fait la sono s’appelait M.
Poncet), en plein concert le groupe s’est arrêté de jouer et le leader
du groupe a dit : « Monsieur Poncet, votre matériel, c’est de la
merde ! ». Tout de suite, les Guitars Unlimited sont venus, ils ont
branché leurs guitares, c’est parti tout de suite. C’était bien !
Raymond
Gimenes est venu en 1964. On se connaissait certainement déjà.
Peut-être aussi n’avait-il pas les moyens de mettre très, très cher dans
une guitare. Ce sont des guitares que je vendais à l’époque, peut-être
trois mille francs. Il m’a dit : il faut qu’on fasse une guitare comme
çà. Il me l’avait dessinée, tant bien que mal, et puis j’ai fait ça. Et
après, j’ai fait pratiquement tout le groupe. Victor Apicella avait été
remplacé par Darizcuren, Francis Darizcuren et puis par Tony Rallo (5ème
en partant de la gauche). Tony Rallo qui a aussi des guitares Jacobacci.
Là, il a une six cordes Gibson EB-6. Il a une Studio …
Q. Raymond
Gimenes nous en a parlé. Il nous a dit qu’il avait une Studio rouge,
mais que même son fils, qui est un excellent guitariste, n’avait pas le
droit d’en jouer …
R. Oui, son
fils est musicien, et son fils est endorsé par Camac
Q. Les
guitares de la photo ont toutes les trois des micros barrettes
R. C’était un
steward qui les récupérait en Amérique, il allait dans les pawn-shops,
les préteurs sur gages, il récupérait des micros comme ça sur des
guitares qui étaient abîmées, ce sont des micros que je payais à
l’époque 150 F. Et aujourd’hui, des micros comme ça, si l’on en trouve,
ça vaut quinze mille francs. On n’en trouve pas …Ça a un son, c’est de
bons micros, mais il faut dire aussi que ces micros, il y avait des
endroits dans Paris, où on ne pouvait pas jouer avec. On entendait le
métro dedans …
Q. Ca fait
récepteur ? Vous aviez travaillé sur l’EB-6 ?
R. Oui.
Encore dernièrement. Ils ont remonté les Guitars Unlimited, qui sont
produits par Chris Rea. Dernièrement, la tête a été cassée et j’ai
réparé la tête.
Q. Le
logement, autour du Charlie Christian, c’est rajouté ?
R. Oui, c’est
pour faire bien, mais Jacobacci était fou …
Q. C’est le
même matériau que vous utilisiez pour faire la plaque de protection?
R. Oui. Il y
avait des plaques de protection auxquelles on mettait des filets aussi.
Là c’est de la plaque qu’on biseaute, comme les Fender.
Q. C’est le
micro de la guitare de Raymond Gimenes. Elle est de 1969 …
R. C’est la
deuxième, alors. La première qu’il a eue,
la première que j’ai
faite, le prototype, est chez Jean-Pierre Lamarque. En 69, elle est
marquée « Jacobacci » mais avant, elles n’étaient pas marquées.
Q. Il n’y a
que cette belle
incrustation, en forme d’étoile du nord …
R. Voilà !
Celle-ci, celle de Jean-Pierre Lamarque, était complètement cassée. Elle
n’avait plus de micro …
Q. Raymond
Gimenes nous a dit que son micro l’avait suivi de guitares en guitares
…
R.
On voit les cassures
sur la photo. J’avais envoyé cette guitare à Michel Benedetti qui
voulait absolument l’avoir. C’est lui qui a fait la plaque. Et puis, au
bout de quinze jours, je lui téléphone : « alors, Michel, tu me renvoies
la guitare ? ». Il me dit, « ah, oui, j’ai oublié de te la renvoyer… ».
Finalement, il me l’a renvoyée six semaines après. Quand je l’ai
déballée, elle était cassée. Il m’a dit de voir avec la SNCF. La
guitare a traîné à l’atelier et Jean-Pierre a du la récupérer en 92,
quelque chose comme ça, pleine de poussière …
Q. C’est sa
préférée, il ne joue que sur elle …
R. Il est fou
aussi!
Q. Entre
celle-ci et celle de Raymond Gimenes, il y a du y en avoir d’autres, des
évolutions …
R. Celle-ci
date de 1964. Pour la 69, le cordier avait été changé. C’est moi qui les
fabriquait. Il fallait huit jours pour les fabriquer. C’est plaqué or.
Quand on revoit des guitares comme ça, le cordier est toujours intact.
Celui qui me les plaquait or, c’était un artisan qui travaillait pour
les briquets Dupont.
Ce cordier, moi, je ne l’aimais pas. Après, il y a eu un autre
cordier. C’est celui-ci. Je préférais
celui-ci. C’est un
métal très, très dur.
Q. Souvent,
sur les Gimenes, le chevalet est en bois. C’est un chevalet compensé en
bois. Ça a de meilleures qualités acoustiques ?

R. … J’en sais
rien !
On regarde
la page du site
consacrée aux cordiers, en particulier ceux des Distel.
R.
Le cordier de la Distel originale (celle de Sacha
Distel) était comme
celui des premières Gimenes, gravé à son nom. Les
premières Distel de série avaient un
cordier comme ça,
avant d’avoir celui-ci,
c’est ça. Je trouvais ça plus joli que ce que j’avais fait avant. Et
celui là, c’est le
cordier de Jean-Pierre Lamarque, il y a une pièce de bois rapportée.
C’était plus simple aussi à fabriquer. Je trouvais l’autre moins joli,
mais si l’on m’en demandait … Ce qui a toujours été notre force c’est
que, mon père m’avait toujours appris ça, c’est que le vrai patron,
c’est le client. C’est le client qui commandait, finalement. J’ai du
faire des trucs sur des guitares… des guitares de collection, des Fender
63, où les gars voulaient me faire mettre des Floyd Rose dessus. On ne
met pas ça sur une série L. Le type insistait … c’est le client qui
commandait !
Q. Quelque
soient les variantes, tous les cordiers étaient faits à l’atelier ?
R. Tous les
cordiers étaient faits à l’atelier ! Artisanalement … Si on allait voir
une usine : « vous faites des cordiers ? » « Oui, mais vous m’en
commandez cent … ». Trois, ou douze, ça ne les intéresse pas.
Q. Au début
des Royal, c’est arrivé que vous ayez des cordiers que vous faisiez
venir …
R. Marqués
Major ? Les cordiers Major, c’est nous qui les faisions …
Q. Encore plus
anciens
R.
Ceux-là, oui, on
les achetait tous faits. Les Major, c’était fait à l’atelier. J’avais un
outil que j’avais fait faire, pour estamper.
Q. Ce chevalet
de Royal, c’est du laiton ?

R. C’est de
l’alu !
Q. Vous les
fabriquiez vous-mêmes ?
R. Je les
faisais fondre dans une fonderie qui était en Saône et Loire, à
Montceau-les-mines. La base, on la fabriquait. Pour
les Hagstrom
aussi, je recevais la pièce et je faisais la base. Des Hagstrom, il y en
a eu sur les Ohios et sur les Texas, c’est tout. Comme sur
cette Texas, là. En
principe elle doit même avoir une
plaque transparente.
Et c’est marqué « Major, label de qualité » …
Q. Là, c’est
la Studio III de Raymond Gimenes …

R. On a changé
le premier micro.
C’est un micro Gibson, peut être … À une époque, il y avait des micros
Gibson, on retirait le capot !
Q. Elle a plus
de cases que le modèle normal. Elle a vingt-deux cases …
R. C’est
possible. Les Studio que je faisais, elles étaient creuses. Celle-ci est
pleine. Pourquoi secouez-vous la tête ? Vous saviez ?
Q. Je ne l’ai
pas soupesée, mais …
Q. On a été
voir Raymond Gimenes en pensant qu’il allait nous parler de la Gimenes
… et c’est la Studio qui l’a accroché …
R. Et oui,
parce que la Studio, à l’époque, c’étaient les requins de studios. C’est
pour ça qu’on l’avait appelée Studio. J’avais des copains qui voulaient
travailler dans les studios, et Gimenes leur disait : « tu as une
guitare Studio ? ». Il m’a fait de la pub, c’est énorme ! Il y avait
toutes les possibilités, et dans les studios, il n’y avait que ça. Il y
avait une dizaine de guitaristes, qui faisaient des séances. Ce n’était
pas tout le monde … C’étaient les requins... Tony Rallo…
Q. Les
premières Studio sortent à quel moment, pour qui ?
R. Je les ai
faites pour tout le monde. Je pense qu’on avait même appelé ça Studio
avant que Gimenes en ait une.
Q. La plus
ancienne que l’on ait trouvée, c’est
celle là, qui est
datée de 68. Elle a
deux micros Golden Sound
R. C’est pas
celle de Lucien Ferreri ?
Q. C’est celle
de Ferreri … C’est possible que ce soit une des premières ?
R. Ferreri
l’avait commandée. Elle a un manche plus large, je crois, mais il l’a
commandée après Gimenes. C’était la bande à Gimenes. La bande à Gimenes
/ Le Maguer. Lui, il l’a commandée bien après. Ferreri habite Bastia, je
crois. Il est professeur de musique. Lucien a quitté Paris il y a
longtemps, quand même. Quand il est parti, il devait avoir 35 ans. Il
est bien resté une quinzaine d’années dans le métier à Paris. Je ne me
souviens pas si le cordier est d’origine. Le
cordier et les
mécaniques sont
dorés. Les micros … le doré de Benedetti, si on frottait un peu, ça
partait … Chez Gibson aussi ! Les américains, quelque chose qui est
doré, ils disent « gold platted », mais ça a jamais été plaqué. C’est de
la dorure. C’est de l’ « article de Paris » …
Q. Alors ça,
ce sont les mécaniques Schaller …
R. Schaller !
On a été les premiers à en monter. Gibson et Fender ne les connaissaient
pas. On a été les premiers en France, et, à part l’Allemagne, on a été
les premiers.
Q. C’était
vers quelle année ?
R. vers la
fin des années soixante …
Q. Celles là
sont sur la guitare de Ferreri, qui est datée de 1968 et nous pensons
que les mécaniques sont d’origine …
R. Voilà. Ce
sont les premières, par ce que la vis était là, puis elle s’est trouvée
sur le coté …

Q. … le bouton
est plus rond, aussi …
R. Avant
d’avoir les mécaniques Schaller, on a eu les mécaniques SB, qui étaient
un peu « grossières ». Après on a changé, on a eu des mécaniques que
l’on recevait de Hollande : des Van Ghent, comme celles qu’il y a sur
les Burns. SB, il habitait à côté de chez mes parents : Salvatore
Billardi. On habitait Romainville.

Celles-ci
sont des mécaniques allemandes, déjà …

Q. C’est la
basse R 2 à 6 cordes de Jean-Pierre Lamarque.
R. On avait
aussi celles-ci (des Kolb) mais je ne me souviens plus …

Q. Les
Schaller, vous les avez découvertes comment ?
R. Je me suis
trouvé en Allemagne, au salon de Francfort. Ça a fait « tilt » et j’en
ai commandées. Mon frère n’était pas toujours d’accord pour que je dépense de
l’argent, mais ça nous a rendu service. Finalement, elles nous coûtaient
moins cher que les Billardi. Il était cher, Billardi. C’est vrai que
c’était un artisan. Elles étaient bien, quand même …
Q. … tout le
monde les a adoptés, après …
R. Gibson et
Fender.
Q. Vous les
commandiez directement en Allemagne ?
R.
Directement à Helmut Schaller. Je me souviens, une année, je reçois une
lettre de la maison Schaller, me disant que, dorénavant, il fallait que
je me serve chez Nigico ? ou chez FMI, à Lyon. J’ai écrit à M. Helmut
Schaller, pour lui rappeler qui j’étais, comment je l’avais connu … Il a
répondu : Monsieur Jacobacci, vous commandez directement, vous serez
toujours servi … Que j’en commande douze ou que j’en commande cent !
Q. Vous alliez
au salon de Frankfort …
R. J’y allais
tous les ans. C’était à l’époque des micros Benedetti ou des micros
Golden Sound. J’y allais avec Michel Benedetti. C’était l’époque où
Michel travaillait pour Concone. C’était son patron, à Marseille.
Boulevard de la Libération. Michel, il faisait ce qu’il voulait. Après,
il y a eu Befra Electronique.

Q. Sacha
Distel, comment l’avez-vous rencontré ?
R. Distel, il
est venu parce que j’avais fait des guitares aux Guitars Unlimited. Vous
avez vu la photo où il est photographié avec Louis Armstrong ? Lui, il
joue de la trompette et Louis Armstrong joue de la guitare. Et je lui ai
demandé s’il voulait me baptiser une guitare. Il a dit d’accord, mais
pas une solid-body. C’est la Distel. Ca vient de là. Et puis, très
gentil, parce qu’il n’a jamais demandé de royalties … de tout façon, il
n’aurait pas touché beaucoup !
Q. il est
arrivé avec les Guitars Unlimited, avec Raymond Gimenes …
R. … Il aurait
aimé jouer avec les Guitars Unlimited, mais ils ne s’étaient pas mis
d’accord, parce qu’il aurait fallut que ce soit : Sacha Distel et les
Guitars Unlimited mais eux auraient voulu les Guitars Unlimited et Sacha
Distel. C’est un peu comme quand les Guitars Unlimited ont joué avec
Django Reinhardt. Ils ont quand même mis Django Reinhardt en tête. Ils
n’ont pas voulu, avec Distel … Il a eu deux guitares comme ça ...
Q. …
l’incrustation de tête, c’est la même qu’une Gimenes …
R. Il y en a
deux. Il y en a une qui a été récupérée par un gars qui s’appelle …
Lustignan, Simon Lustignan. Il y en a une comme ça où le nom « Distel »
est marqué sur le cordier.
Q. Ça, c’est
la première Distel que l’on a rencontré …
R. et
pourtant, elle a des
micros Bill Lawrence, qui fournissait Hoyer. C’est
une maison qui était à Munich. Ils n’étaient pas chers …

Q. C’est une
période de transition, entre RV et Golden Sound.

R.
Absolument ! C’est Jean-Marie Gaffarel qui me les a fait connaître.
Q. Sinon,
quels micros étaient montés sur les Distel
R. Les micros
Benedetti, sinon, après, c’était au choix du client. A une époque, les
gens disaient que les micros Benedetti étaient un peu trop « pointus ».
Ils voulaient des micros « qui dégueulent », comme on dit, et j’arrivais
à avoir des micros par l’intermédiaire d’un magasin de New York,
Manny’s, dans la 48ème rue. Ils m’envoyaient tous les mois
(on ne payait pas de droits de douane sur une certaine quantité) une
douzaine de micros. Des micros Gibson. Après, il y a eu la période
Seymour Duncan …

R. La Bonal,
c’est une Distel à micro barrette. Il faut dire une chose, c’est qu’on a
fabriqué des pièces uniques. Celle de Jean Bonal, c’est une pièce
unique.
Q. Celle de
Jean Bonal a une table en épicéa, en sapin …
R. oui, mais
c’est une table qui n’est pas massive.
Q. il y en a
eu beaucoup, avec la table en sapin ?
R. Il y en a
eu. J’ai fait d’abord en épicéa. L’inspiration est très « Gibson ».
Après, j’ai fait comme Gibson, des tables qui étaient plaquées, pour les
Distel, en érable. Celle-ci, ce n’est même pas de l’épicéa, c’est un
sapin qui n’est pas très clair.
Q. Sur celle
de Jean Bonal, les boutons sont marqués Tone et Volume …

R. Il y a une
époque où je faisais faire les boutons, après j’avais trouvé des boutons
en Italie. Les boutons, ça a été un truc, pour en trouver … Maintenant,
on trouve de tout. Si j’avais trente ans de moins et que je fabriquais des
guitares, maintenant on trouve de tout …

Q. Celle –ci,
c’est celle qui s’est vendue aux États-unis, qui était dans la
collection Chinery … Elle s’est vendue sur Ebay.
R. Il y a eu
une Royal acoustique qui s’est vendue, pas très cher, sur Ebay …
Q. Il y en a
eu beaucoup, des Royal acoustiques ?
R. Si on me
demandait une Royal sans micros, je faisais une Royal sans micros…
Q. Celle-ci …

R. C’est du
sapin
Q. Je crois
que c’est la dernière que l’on ait en sapin et elle est de 1974.

Q. Dans une
autre interview tu disais que la Distel est la descendante de la Royal …
R. Ah oui,
obligatoirement. Le départ c’est la Royal, et après j’ai transformé les
formes de Royal, c’est la suite de la Royal
Q. Ce sont les
moules retouchés …
R. Ce sont les
moules retouchés !
Q. Sur
celle-là, c’est assez frappant. Il y en a quelques unes qui ont la
découpe ronde … c’est rare,

R. Oui, c’est
rare.
Q. 1980, micro
barrette …
R. Je ne me
souviens pas, je ne sais pas à qui je l’ai faite … Ça c’est la suite des
Royal.
Q . Pour la R
2, vous avez utilisé des moules de Royal aussi, non ?
R. Ah, non, la
R 2, elle a deux pans coupés. Ce n’est plus des moules de Royal. La
Royal n’avait qu’un seul pan coupé.
Q. Est ce que
vous avez eu entre les mains d’autres guitares appartenant à Sacha
Distel, pour des réparations, des réglages …
R. Maintenant
il est mort mais, il y a encore dix-huit mois je l’ai vu à Paris, il avait
acheté une guitare sur Internet, qui avait un coup, je lui ai réparée
tout de suite à Guitar Garage. Je le rencontrais de temps en temps à
Paris.

R. Ça, c’est
le catalogue. C’est le catalogue que j’avais fait faire. C’est
Jean-Pierre Leloir qui avait fait les photos. C’est là que je disais :
Leloir est cher : ça m’avait coûté une fortune !
Q. C’est lui
qui faisait toutes les photos des Jazzmen …
R .
Exactement. C’est pour ça que j’avais été le voir. Ça, c’est une guitare
qui est rare. Je ne sais pas s’il n’y en a pas seulement six …

Q. Jean-Pierre
Lamarque en a une. C’est Roland Jullin qui m’a fait passer le catalogue.
Je crois que Jean-Louis Francillard en a donné un aussi au musée de
Montluçon … Roland Jullin l’a eu en 1971. Le catalogue existait depuis
longtemps ?
R. On ne
faisait pas de photos en couleur, ce sont des photos noir et blanc.
C’étaient des R 2 à manches vissés, R 2, modèle R 1, qui était simple,
parce que la R 2, c’est des filets alternés. Après, ça a changé. C’est
devenu R 2 et R 2S, R2 super.
Q. La Gimenes
n’est pas sur le catalogue, ni sur les listes de prix …
R. Je ne sais
pas pourquoi. Il n’y avait pas la Gimenes. Ce sont peut être des
guitares que j’avais d’avance : un jour j’ai chargé les guitares dans la
voiture, j’ai été voir Jean-Pierre Leloir , et il n’y avait pas tout.
Q. C’est la JB
de Jean-Pierre Lamarque

R. Il y a
trois micros ?

Q. Il y a
trois micros, mais on pense que celui du milieu a été rajouté, ce n’est
pas le même Benedetti. C’est celui où le liseré vient sur les plots des
deux mi.
R.
Exactement : ici c’est des ferrites, et là, ce n’est pas des ferrites …
J’ai vu la photo d’un micro Stevens. C’était RV…

Q. Ce sont des
doubles bobinages ?
R. Ce sont des
doubles bobinages.
Q. La guitare
est belle. C’est une des plus belles que nous ayons rencontré
R. C’est une
Stevens ?
Q. C’est une
Rogands. Elle a l’étiquette Rogands. Elle a le Bigsby, elle a le
chevalet Hagstrom. Elle est très richement ornée, beaucoup de filets,
filets sur la tête …
R. Un peu trop
à mon goût, mais enfin …
Q. Vous
préférez quand c’est plus simple ? l’étiquette Rogands est légèrement
différente de celle que l’on vue tout à l’heure.
R. Le cache
(de réglage de la barre de renfort) , j’avais trouvé ça en Belgique.
Q. Ça va de
quelle époque à quelle époque, ce cache ?
R. Je ne sais
pas …
Q. 1966 ?
R. Peut-être …
Q. On pense
qu’il a coexisté avec d’autres caches, que toutes les guitares ne
sortaient pas systématiquement de l’atelier avec ce cache, qu’il y en
avait d’autres avec un cache plus classique.
R. Quand mon
stock a été épuisé, il ne me plaisait plus, j’ai préféré en plastique.
R. J’ai même
fait des guitares, j’en ai une en bas, en kit. Du matériel
Warmoth, que
je rectifiais.
Q. On voulait
voir le micro Benedetti avec les ferrites. Ça, c’est
celui que vous avez
donné à Jean Debèze … Le premier, le Golden Sound, il était comme ça ?
R. Le premier
Golden Sound que j’ai eu, c’était sur une Studio qui était un peu plus
grande qu’une Studio. Il y a eu quelques modèles comme ça. J’avais fait
une guitare comme ça à
Gérard Marais, qui a eu une Gimenes après, qui
jouait avec Boni. Et Raymond Boni, c’est une Gimenes qu’il avait
rachetée à Pierre Cullaz. Elle est marquée « Pierre Cullaz » sur le
cordier.
Q. C’est peut
être la blonde que l’on a vu en photo tout à l’heure, sur la première
photo des Guitars Unlimited. Il y avait Pierre Cullaz avec une Gimenes
blonde …
R. Oui, ce
doit être celle-ci … Pierre Cullaz, après, je lui ai fait des JJ.
Q. La seule JJ
que l’on ait, c’est celle de la Cité de la musique à Paris, à La
Villette.
nous n'avons pas encore l'autorisation d'en publier les photos ....
R. Une JJ
blonde ?
Q. Oui !
R. Mouchetée ?
Q. Sylvain
Marc !
R. Celle de
Sylvain Marc … elle a un cordier ?!
Q. Oui, elle a
un cordier comme une Distel.
R. En
principe, c’est un « stop tailpiece » Gibson, et lui, il avait voulu ça,
comme ça …
Q. Un cordier
Distel plaqué or. Celle –ci est marquée SM JJ, pour Sylvain Marc, et
dans le même mois, il y en a une autre qui est marquée SL JJ, pour
Sylvain Luc …
R.
Exactement !
Q. Celle-ci on
ne l’a pas retrouvée …
R. Je sais où
elle est ! C’est Gérard Amsellem qui l’a. Sylvain Luc cherchait une
Distel, on lui en a trouvée une. Quand je lui ai fait la JJ, il a joué
un peu dessus, et il y a Robert Godin qui lui est tombé dessus, et qui
lui a dit : « tu touches à rien d’autre … ». Bon …Le commerce, c’est le
commerce. Mais quand il fait du Jazz, il a voulu une Distel. Gérard
Amsellem lui a trouvé une Distel dans le sud ouest, sur laquelle on a
mis des micros Gibson, et ils ont échangé. Gérard a donné la Distel
parce qu’il en avait déjà une et il a pris la JJ. La JJ Sylvain Luc,
c’est lui qui l’a.
Q. On revient
sur la JB de Jean-Pierre Lamarque. Elle était très, très chère, la JB.
Sur la liste de prix, elle est 60% plus cher qu’une Distel.
R. Il y a un
boulot de dingue, aussi. Il n’y en a pas eu beaucoup. Et pourquoi JB ?
JB, c’est Jacobacci-Benedetti. C’est Benedetti qui l’a dessinée. Elle
est trop grande, on ne trouvait pas d’étuis …
Q. … les
étuis, c’étaient des étuis standard, vous les faisiez fabriquer exprès ?
R. On les
faisait fabriquer par quelqu’un qui s’appelait Argues ? à Paris.
Benedetti, il lui fallait toujours trois micros. J’étais contre, trois
micros …
Q. la studio
III, c’est quand même une réussite …
R. J’ai fait
des Studio III. Pour les Studio, ça allait, mais pour des guitares comme
ça, non ! Benedetti, d’ailleurs, une fois, il avait une superbe L5 des
années soixante, il me l’a faite couper en deux, une demi caisse, je
l’ai réussie …
Q. … Raymond
Gimenes s’en souvient encore de la L-5 blonde coupée en deux … il
n’était pas content …
R. … Ça fait
comme une Gobel, qui est comme ça, seulement celle-ci, elle a trois
trous. Il voulait mettre des micros Benedetti dessus. Il ne l’a jamais
rééquipée.
Q. Sur la JB,
le manche est collé. C’est à une époque où, sur les R 2, le manche était
vissé.

R. Il n’y en a
pas eu beaucoup comme ça. Il y avait un autre modèle que je faisais, qui
était plus petit, c’était les deux pans coupés d’une Distel. Comme une
Barney Kessel (Gibson). J’en ai faite une pour Mimi Lorenzini qui avait
un groupe … ça s’était appelé Edition Spéciale … Triangle.
Q. La table
est massive, sur la JB ?
R. Non, la
table n’est pas massive.
Q. Il n’y a
que la Gimenes qui a la table massive ?
R. Oui. Là, il
y a des switches comme il y avait sur la Studio. C’est pour mettre en
prise directe. On isole les potentiomètres.
Q. Et le
cordier, c’est le cordier de la Gimenes.
R. Encore un
cordier de con …
Q. Les repères
de la touche sont originaux …
R. Oui …
Q. On a
remarqué quelque chose, sur les repères de touche qui sont en
« points », vous mettez souvent un point sur la première case. C’est
très rare, qu’on repère la première case par un point.
R. Après, on
l’a abandonné. Chez Gibson, quand on prend de belles guitares, une L-5,
la première case est marquée.
Q. Les filets
sont beaux …
R. Il y en a
trop !
Q. Elle est de
quelle année, la JB ?
R. A mon avis,
c’est dans les années soixante-dix.
Q. On a oublié
de dater le dépliant, le catalogue … Roland Jullin, qui me l’a fait
passer, l’a eu à l’atelier rue Duris en 1971.
R. C’est
possible …Si chaque année j’avais gardé un modèle, je serais riche
aujourd’hui …
Q. … et ça
nous simplifierait la vie !

Q. Ça, c’est
la liste de prix qui est bien de 1971. Roland Jullin vous avait commandé
une Studio II gaucher.
R. C’est mon
écriture !!! Une R 1 en 71, avec deux micros, mille huit cent quarante
cinq francs. Ce qui veut dire qu’au prix de gros, ça valait … des
clopinettes !
Q. les modèles
gaucher sans supplément, ça a du remmener beaucoup de monde ?
R. On en
faisait bien une douzaine par an, des guitares à gauche. Et sans
supplément. On ne les faisait que sur commande. On n’en faisait pas
d’avance.
Q. Des Gimenes
gaucher ?
R. Je ne me
souviens pas en avoir faites.
Q. C’est une
autre série de catalogues. On les a eus chez Jean-Pierre Lamarque. Ce
sont des petits cartons : au recto il y a la guitare, au verso il y a la
description. On en a trouvé trois, comme ça :
JSB 2,
Studio,
JB 200. Il
y en a eu d’autres ?
R. JSB 2 ? Il
y a eu la JB 80., qui était en zébrano.
Q. Ils sont en
français et en anglais. Vous avez pensé à l’exportation ?
R. Ce n’est
pas moi qui ai écrit l’anglais. Je ne me souviens pas.
Q. Ce sont
aussi des photos de Jean-Pierre Leloir.
Q. Vous nous
en aviez parlé lors d’une rencontre précédente et vous nous disiez que
vous aviez été arrêté par le problème des droits de douane, et que le
prix affiché en magasin aurait été quatre fois le prix sorti d’atelier …
R. Si je
vendais des guitares à des étrangers, je leur faisais payer la taxe, et,
quand ils passaient la frontière, ils me renvoyaient un papier et on
leur remboursait la taxe. En principe, ils le faisaient …
Q. Il y en a
eu beaucoup, comme ça, qui sont parties à l’étranger ?
R. Il y en a
eu pour des américains, pour des africains, parce que j’en ai fait pour
des africains… une belle R 2, unique, est partie à l’île de la Réunion.
Elle est unique dans le sens où elle est encore moins épaisse que les
autres et elle a le Jack sur le côté.
Q. Vous en
aviez expédié, dans les DOM TOM ? À la Réunion, aux Antilles ?
R. A la
Réunion, il y en a pas mal. Il y a une Gimenes, à la Réunion. Ce sont
des gens qui venaient les acheter chez moi, puis qui retournaient à
l’île de la Réunion. Je connais beaucoup de monde, là bas. Une fois,
j’étais là bas, c’était en 98, j’y suis resté deux mois. Ils ont tout de
suite su que j’étais là bas, j’étais chez mon copain Gilbert. Il y a
même la télé, qui est venue ! C’est passé sur FR3. Il y a un gars qui
fait du jazz, avec une très belle Gimenes. Il y en a aux Antilles. J’en
ai fait pour la Compagnie Créole, pour celui qui chantait, qui avait
toujours un oiseau sur l’épaule. Il avait une Distel.
Q. On en avait
parlé tout à l’heure en prenant le café, le représentant de chez
Gaffarel …
R. Il
s’appelait Acary. Malheureusement … C’était le plus gros représentant en
musique qu’il y avait en France. Avec Gaffarel, il gagnait beaucoup
d’argent. Peut-être il en gagnait trop. Il roulait toujours en voitures
américaines, et puis un jour, il a décidé de passer au dessus : à
l’avion. Il avait un bimoteur et puis un jour, au dessus de Grenoble, il
s’est farci la montagne … C’est le seul représentant qu’on ait eu. Dans
sa tournée, comme il tournait pour Gaffarel, il passait dans les
magasins. Je lui avais dit quand même qu’on n’était pas une usine, qu’on
ne voulait pas non plus travailler jour et nuit. Il savait dans quels
magasins il fallait passer. Il y avait Nantes, Tours, Poitiers, Niort,
il y avait quelques magasins, quand même et on travaillait bien. Il
passait tous les six mois, il faisait le compte et je lui donnais son
chèque.
Q. La JSB 2,
c’est en quelle année que ça commence …
R. C’est
pareil, c’est les années soixante-dix. Pourquoi est-ce que je l’ai
appelée JSB2 : ça voulait dire Jacobacci Solid Body, deux micros. C’est
des micros Benedetti.
Q. Il y a la
JSB 1, qui n’à pas tout à fait la même forme … C’est une JSB 1 ?

R. C’est un
modèle plus spécial. Elle a l’électronique d’une Studio. Il y a deux
micros Gibson et un micro Benedetti au milieu. Ce sont les micros des
Gibson Les Paul Deluxe. C’est un cordier de Studio.

Q. La
double-manche, à peu près la même époque que la JSB 2 ?
R. Oui, elle
est moins large qu’une Gibson …
Q. C’est la
guitare la plus regardée sur le site.
R. Ah oui ? Et
comment il le sait ?
Q. C’est le
provider, il fournit des statistiques qui indiquent quelles pages ont
été regardées et dans quels pays …
R. Il y a eu
plusieurs modèles. La dernière que j’ai faite, c’était pour Jean-Louis
Bortola ?, elle est plus montée comme une Gibson.
Q. Il n’y a
pas que des 6+12 ? Il y a 6+basse aussi …
R. 6+12,
6+basse, double basse. J’ai fait aussi pour Roger David, un modèle
unique, c’est une Studio double-manche, le corps est plus grand, quand
même, guitare et mandoline.
Q. Ce n’est
pas une Studio, c’est une Texas !
R. C’est une
Texas ! Vous la connaissez !!!???
Q. On a une
photo …
R. Finalement,
c’est pareil. La Studio est une descendante de la Texas…
Q . C’est
incroyable, parce que, vous, la Les Paul vous l’avez toujours fabriquée.
Gibson, ils se sont arrêtés, en 61 ils ont fait la SG …
Stanislas Grenet présente une photo de
presse des années soixante à Roger Jacobacci représentant les Karting
Brothers équipés d’une Texas double-manche et d’une basse marquée Ohio
mais présentant toutes les caractéristiques d’une Texas. Nous n’avons
malheureusement pas encore les droits pour la reproduire sur le site.
J’espère que son absence ne nuira pas trop à la compréhension des lignes
qui vont suivre.
R. Le v’là
Roger David, ça c’est « Les Quatre de Paris … ». Il est mort, le
pauvre !
Q. Une fois,
au musée, André Sévenier m’a dit que c’était peut-être Lucien Ferreri
qui avait récupéré cette guitare …
R. Ça c’est
Artaud
Q. Avec une
basse Solist
Q. Et pourtant
on dirait bien une Texas … elle est marquée Solist mais on dirait une
Texas, elle a la tête d’une Texas. On a une photo d’Henri Salvador avec
la même …
R. C’est drôle
que vous récupériez des photos comme ça ! Et ça, le groupe, s’appelait
les Quatre de Paris, après ils se sont appelés les Karting Brothers. A
un moment donné, ils ont même accompagné Hugues Auffray.
Q. ça on se
demandait si c’était un chevalet Schaller ?
R. Non !
Ça
c’est fabriqué maison …
Q. C’est quand
même extrêmement compliqué, de fabriquer des chevalets réglables …
R. On a tout
fait. Quand on décidait avec mon frère de faire faire par un autre, par
un atelier, par un artisan, il fallait que ça puisse être fait à
l’atelier. On ne voulait jamais tomber en panne. Quand on pouvait le
faire faire ailleurs, on était capables de le faire. Tout ça, c’est
brasé. J’avais appris à braser. Rue Duris, où nous étions. Nous avions
de la chance. C’était une cour où il y avait des artisans. Il y avait un
tôlier, un serrurier, on se donnait un coup de main. De temps en temps,
il y avait le serrurier qui me disait : « tiens, Roger, tu peux me
raboter ça … » et moi des fois : « tu m’apprends à faire ça … ». Les
cordiers, il fallait les plier. Il m’a fait une plieuse. On ne parlait
jamais argent, on se rendait des services. J’ai appris à braser, à
souder, à forger avec eux. On touchait à tout.
Q. Tous les
chevalets étaient faits maison ?

R. Non, ça
c’est du tout fait !
Q. Il fallait
des heures …
R. On était
fou, les trente-cinq heures, on connaissait pas …Quand j’ai démarré avec
mon père, qui était sicilien … on commençait le lundi jusqu’au dimanche
midi.

Q. Ça c’est un
bouton de Major, de Royal, de Texas. Vous vous rappelez d’où ils
venaient ?
R. Les boutons
plastique ?

Q. Ceux-là,
c’est ceux qu’on trouve en 66. Ils ont un peu la forme d’une bobine, ils
existent en noir et en plaqué or …
R. Ouais :
fabrication maison ! J’avais un tour. Je les faisais en alu. Et je les
faisais anodiser, ou noir ou doré. Et j’avais un gars qui s’appelait
Morisot ? Rue Oberkampf à Paris qui me les faisait. Pour l’anodiser, il
faut que ce soit un alu spécial.
Q. Après ce
sont ceux là que l’on va rencontrer pendant dix ou douze ans …
R. Ceux là, je
les trouvais en Italie. Et finalement, c’était tellement bon marché …
Q. Ceux là,
c’est ceux que l’on trouve le plus souvent sur les Jacobacci. Après, il
y a eu une version qui est un peu plus haute … C’est le même
fournisseur ?
R. C’est le
même fournisseur, et il ne faisait plus ceux-là. Les autres je les
trouve un peu trop hauts.
Q.
Là c’est la JJ. Est-ce que c’est Pierre Cullaz qui l’a adoptée ou est-ce qu’il a
travaillé avec vous en disant, je veux ceci, je veux cela …
R. La première
que je lui ai faite, d’ailleurs elle n’est même pas blonde, il en a une
autre, il en a deux …
Q. en 1982 …
R. Oui, c’est
pratiquement lui qui l’a dessinée. Il y a une poutre … Elle est totale …
Q. Elle touche
le fond ?
R. Non !
D’ailleurs, la première que je lui ai faite, elle est en érable, elle
n’est pas mouchetée, et il la voulait très simple. Il n’y a même pas de
filet sur la touche…
Q. Est-ce
qu’on peut dire que c’est une R 2 basse ou bien le modèle avait-il un
nom ?
R. On pourrait
dire que c’est une R 2 basse. C’est un manche … il n’y en a pas eu
beaucoup comme ça …
Q. la première
qu’on a vue, c’est sur une photo des Fantômes
R. Blanche …
Q. Quand ils
jouaient avec Eddy Mitchell. Il y a deux guitares blanches …
R.
Exactement : les Fantômes !
Q. avec des
micros Stevens plastique … J’en avais faite une autre pour Dany Marrane
(des Fantômes), il ne l’a jamais récupéré et celui qui l’a, c’est un
pharmacien qui est à Nogent
Roger Jacobacci confond peut être avec
Jacky Pasut, qui faisait son service militaire pendant que les Fantômes
accompagnaient Eddy Mitchell. Les autres Fantômes lui avaient commandé
la même Jaco blanche, mais se sont fait virer par Eddy pour une histoire
de DS accidentée, et Jacky, sans boulot en perspective une fois dégagé
de ses obligations militaires, a demandé aux frères Jacobacci de
reprendre la guitare
R. Et puis
Dany Marrane a été assassiné. C’était le fils du sénateur-maire d’Ivry,
qui avait été l’un des ministres communiste du gouvernement De Gaulle en
45.
Q. Il n’y en a
pas eu beaucoup, des R 2 basses …
R. Non, pas
beaucoup ! La première douze corde que j’ai faite, je l’ai faite pour
Claude Ciari, des Champions…

Q. Électrique,
acoustique ?
R.
Acoustique ! Pas forcement marquée Jacobacci. C’était avant qu’il ne
parte au Japon.
Q. Sur celle
là (la basse R 2), les micros ne sont pas d’origine, le propriétaire m’a dit qu’il y
avait des micros Stevens, capot métal …
R. Stevens !!!
Alors elle est des années soixante !
Q. Je dirais
assez 1966. Elle a la lyre, la tulipe bien nette, elle a des mécaniques
Van Ghent basse …
R. Ouais…

Q. Ca, c’est
la JB 200. Elle est sortie quand ?
R. C’est la
première basse comme ça. C’est encore, à mon avis, au début des années
soixante-dix.
Q. C’est une
époque où il n’y avait pas de numéros de série sur les solid-bodies…
R. Je n’en
mettais pas. J’ai commencé à mettre les numéros de série en 1977 …
Q. avec la JD
80 ? Sur la tranche de la tête ?

R. Voilà. JD
80, c’est pour l’année 80, mais en réalité, c’est 77
Q. La basse,
c’est devenu la JB 280, pour les mêmes raisons, parce que les années 80
arrivaient ?

R . Eh,
fabrication maison, encore (le cordier)…
Q. J’ai mis
cette photo parce qu’on se perd un peu dans les micros Benedetti basse.
Il y a beaucoup plus de modèles que pour les guitares …
R. Ça c’est
les premiers … c’est les premiers micros basse
Q. C’est ceux
qui sont sur la basse qui est sur la brochure cartonnée

R . Ceux là
aussi. Et je ne vois pas pourquoi ils étaient larges comme ça, parce
qu’ils étaient simple bobinage, quand même.
Q. Tu
demandais des choses précises à Michel Benedetti, pour les cotes des
micros …
R. Non, non.
Michel me l’imposait plutôt.
Q. Voila
le Benedetti basse vu de l’arrière…
R. Ce sont des
aimants, derrière ?
Q. Alors ces
cordiers c’est vous qui les faisiez, aussi ?
R. Oui, la
base était en inox.
Q. Après, vous
avez monté des Schaller …
R. C’était
moins cher ! Ça revenait moins cher ! Et ils étaient biens. J’ai même
fait des étouffoirs de basse. Il y avait des étouffoirs comme ça, à
bascule ou à tirette.
Le
5 avril 2005
Questions posées par Stanislas Grenet, Marie-Claire Lory, Cédric Natte
et Marc Sabatier
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