Super de luxe acoustique début des années 60

  • manche aluminium

  • touche ébène

  • frette zéro

  • 20 cases

  • micro amovible Stimer Django

  • table, fond et éclisses érable

  • tête, caisse et ouïes bordées d'un filet multiple

  • pas de numéro de série

  • longueur : 111cm

  • dimensions de la caisse : 53,7 x 44,5 x 6,2 cm

  • largeur du manche au sillet : 4,2 cm

Notez le manche en aluminium et le pan coupé vénitien qui sont sans doute ceux du modèle Star

 
 
         
               
         
               
           
               
           
               
         
               
         
               
           
               
         
               
           
               
 
  Bien qu'originaire de Vervins, dans l'Aisne, petite sous préfecture de 3ème catégorie, je me suis fait offrir une guitare "classique" et un livre de positions d'accords et, sans apprendre le solfège hélas, je me suis mis à travailler les accompagnements de Marie-Josée Neuville, et ceux, beaucoup plus difficiles, de Brassens. Puis je me suis passionné pour le Jazz, ayant un oncle qui avait déjà avant la guerre  plus de huit cents 78 tours de Jazz. Après un bac science-ex, ayant des cousins à Paris, j'allais dès 1958 au Club St Germain, au Blue Note, au Caméléon, où j'ai vu pour la première fois des guitaristes qui jouaient autrement que Django :Jimmy Gourley, Albi Culaz, René Thomas avec Eddy Louis, que j'ai bien connu par la suite, grâce à Maurice Vander et Claude Nougaro. En soixante, nous avons monté un petit orchestre de Jazz  amateur à l'école hôtelière de Thonon-les-Bains, où j'ai connu Nicoletta avant qu'elle ne soit célèbre. Elle voulait absolument chanter le Blues avec nous. Le Blues, il n'y avait à peu prés que là dessus que je savais improviser ! D'ailleurs, nous ne jouions à l'époque que des Blues...et je n'ai guère progressé depuis. Ce qui me rassure, c'est ce que m'a dit un jour Johnny Griffin, qui habitait non loin de chez moi dans le Poitou, avec un accent incroyable : "Jean-Paul, celui qui sait pas jouer le Blues, il peut pas jouer le Jazz !"


Un jour, habitant Paris dans un petit deux pièces derrière la maison de la Radio, j'ai essayé, d'imiter Wes Montgomery dans "Satin Doll". A la fin de la première partie du morceau, un piano, deux étages au dessus, a terminé l'expo de la Mélodie. C'était Maurice Vander, que j'ai ensuite suivi un peu partout avec Claude et Eddy. Puis, j'ai été fasciné par l'orgue Hammond, au point de m'être acheté un "B3". Maurice m'a montré quelques super accords à 2 doigts, et j'ai un peu abandonné la guitare, guitare que j'avais acheté en 1962, qui ressemblait aux Royal, mais avec un manche bois et une tête normale droite ; Major Conn, à l'époque, m'avait dit que c'était le même atelier qui la fabriquait. Elle coûtait prés de 50% moins cher. Le manche était très rond et très étroit. Elle était belle, mais difficile à jouer. (NDLR comme celle-ci)


Dans les années 70, j'ai rencontré un garçon qui collectionnait des jouets, je suis allé chez lui, il est venu chez moi, a vu ma guitare et m'a dit qu'il avait une Major Conn achetée au début des années 60. Dès que je l'ai touchée, je l'ai voulue, et je l'ai eue sur la base d'un échange .Elle était équipée du micro amovible Stimer; pas terrible, ça ferraillait pas mal. Venu habiter dans le Poitou, je bricolais plus sur un Clavinova que j'avait acheté que sur la guitare. Une "boite de Jazz s'est ouverte à Poitier, " Le Pince Oreille", où Maurice Vander a accepté de jouer, tout comme Eddy Louis. Il y avait un jour de semaine réservé aux" boeufs" pour les amateurs. Là, j'ai replongé dans la guitare ( une Epiphone, pas mal, mais pas aussi facile à jouer que la  Jaco.) J'y ai rencontré un semi-pro qui connaissait Roger Jacobacci. Il m'a donné ses numéros de téléphone. J'ai oublié le nom de la petite ville de Vendée, non loin de chez moi, près d'un grande place. J'ai pris rendez-vous de la part de cet ami, je suis arrivé à l'heure, et j'ai été accueilli par Roger et sa femme, comme s'ils m'avaient toujours connu, ou comme si j'étais un guitariste célèbre! Il m'a fait remarquer que mon étui était dans un piteux état. C'est vrai, il est d'époque, mais encore assez confortable pour ma guitare. Aprés un café ( que je n'ai pas osé  refuser ) dans la cuisine, Roger s'est levé, et a dit : bon, allons voir ça....Nous sommes descendus au sous-sol, j'ai ouvert l'étui. Il a eu un petit sourire, a tourné la guitare dans tous les sens et m'a dit : "bon, on peut mettre le manche plus facile, mais il vous faudra mettre des cordes ..." Il a pris une clé, m'a tourné le dos, et m'a dit : "voilà, ça va être mieux". Ensuite, il a déplacé le chevalet, fait les harmoniques. "Bon" m'a-t-il dit, "elle est parfaite. Que puis-je encore pour vous ?" J'ai dit timidement :" j'aimerais qu'elle soit électrifiée" "Bon, si vous y tenez, on peut lui mettre des micros Benedetti. Je n'en ai pas, il faut les commander". J'ai demandé : "ce sera long ?" "Non une semaine, plus une autre, le temps de les monter..."
Il reprend la guitare, la gratte, et me dit : "vous savez, elle a un gros son ! Vous avez une autre guitare électrique ?" "Oui, une Les Paul Epiphone et une autre à gros coffre." "Alors", il me répond, "pourquoi vouloir électrifier celle là ?" J'ai répondu : "le manche est plus facile à jouer..." C'est vrai, ces manches alu, c'était pas mal. Et, j'ai senti, qu'en fait, il préférait qu'elle reste ainsi, alors, je lui ai posé la question : "que dois-je faire ?" Il m'a répondu : "gardez là comme ça, c'est une bonne !" "Combien je vous dois pour votre travail? Il a répondu avec un grand sourire et de grands yeux : "quoi ? vous plaisantez, j'ai rien fait !" Et nous nous sommes quittés. Voilà un homme comme il en existe peu ou plus ...


La vie  est étrange. Faisant partie des artisans d'art sélectionnés par la région Poitou-Charentes  pour une exposition organisée par J.P. Raffarin à Bruxelles, j'ai eu pour mission de m'occuper du matériel du luthier Dupont, qui ne pouvait venir pour la semaine en Belgique. C'est aussi un garçon très sympa....

 

 
     
 
Photos et collection Jean-Paul Delaby
 
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