Automne 1971 : C'est décidé ! Puisque je ne trouve pas de modèle abordable de guitare électrique pour gaucher dans le quartier de Pigalle, je vais en faire fabriquer une sur mesure chez les frères Jaco ! Sur le dépliant reçu (création Pierre Caron avec photos de JP Leloir), mon choix se porte sur le modèle Studio 2 noir, mais la corne du pan coupé me parait un peu agressive. Assurément, la découpe de la Les Paul Gibson m'influence... Les frères accepteront gracieusement d'arrondir la pointe. Sur le détail des tarifs joint, ajouté au stylo par Roger : un mois de délai, aucun supplément pour gaucher. Pour mémoire, les revendeurs de Fender majoraient le devis de 10%. Mino Cinélu, tout frêle à l'époque de sa puberté (Il fera le poids avec Miles Davis !), et son frère aîné Patrice, déjà volubile sur le manche de sa Framus électroacoustique Texan, sont aussi impatients que moi de doter notre trio "Intervalle" qui s'inspire de Cream, Hendrix ou Zappa, d'un instrument à la hauteur ! Je relis plusieurs fois en rêvant l'article élogieux de Pierre Fanen sur l'essai de la Jacobacci Studio dans "le coin des galériens". Sur mon agenda, première rencontre avec les luthiers le 15 septembre. Rue Duris, dans le sombre atelier tout droit issu des mystères de Paris, je retrouve à l'occasion de chaque versement ces agréables effluves d'acajou et de vernis (inoubliables), le papet fatigué dans un vieux fauteuil poussiéreux et ses 2 courageux artisans de fils, le bavard et le discret... Une étonnante guitare blanche en forme de main commandée par Antoine attend sa livraison ! (Interrogé au Salon Nautique International de Paris en décembre 2014, Antoine a indiqué à Jean Debèze qu'il n'avait jamais possédé de guitare en forme de main par Jacobacci). Je découvre avec émotion les étapes de la construction du "bijou". Le 22/11/1971, sept semaines après la commande, Roger frappe son diapason, m'accorde l'instrument et....une petite remise spontanée ! Il colle enfin sur la facture un timbre fiscal rouge de 0,25 F : quelle rigueur !
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Après de longs mois d'infidélité (inceste avec Grand-mère contrebasse !), je retrouve la Studio2 dans son placard et la dégage délicatement de sa housse dont la poignée, mal équilibrée, avait d'ailleurs lâché assez vite... Horreur, elle est recouverte d'une fine poussière ocre ! Une sourde inquiétude m'étreint : quels parasites digèrent son bois ? Un examen plus attentif apaise mes craintes. La housse en skaï noir, offerte par les Jacobacci, contenait sous sa doublure de feutrine rouge, une fine lame de mousse progressivement désagrégée en microparticules électrisées recouvrant le vernis de l'instrument et s'immisçant dans tous les recoins. Un balayage minutieux au pinceau s'avéra nécessaire à plusieurs reprises, suivi de l'exérèse des lambeaux de mousse restante. Mais, il est vrai, cette house n'était un "cadeau de dépannage" selon Roger ! |
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J'ai rendu visite à Roger en mars 2003. Le retrouver serein en plein-air 32 ans après l’obscurité de l’atelier fut un plaisir. J’avais apporté l’instrument et les documents d’époque. Il m'a avoué qu'il n'avait même pas conservé un dépliant sur ses guitares dans la bousculade du déménagement ! Puis il m’a présenté dans son sous-sol un bijou inachevé. Sacré Roger, luthier à vie …
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... J'ai retrouvé la diapo de ma première guitare électrique Kent achetée d’occasion en 12/1963 chez Paul Beuscher bd Beaumarchais pour 400 francs. Superbe laque rouge, mais vilains micros crème disproportionnés, non ? Le vibrato était épais et dur à manœuvrer. On avait vissé le bouton d'attache sur la petite corne pour ma "gaucherie". L'esthétique inversée me choque encore ! Même Hendrix ne m'a pas réconcilié ! Au sol, en guise d'ampli, le HP d'un tourne disque, et la pochette du 45t des Shadows : "Shindig"... le son de référence de l'époque, impossible à reproduire avec nos maigres moyens ! |
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Au fond, l'Echolette BS 40, le Revox A77 pour mes re-recordings. Mélodica, claves, maracas, guimbarde, harmonicas, pipo, tambourin, cithare à gauche de la basse Hagström, wood-block, cloche Asba, cymbales, le ballon de baudruche bleu reproduisant à sa frappe un son de grosse caisse. Casque Koss en position sur le barbu de 1973... Et bien sûr la Studio 2, devant un tambour d'aisselle de Ouagadougou. |
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Deux morceaux de Roland enregistrés en rerecording en 1973 : Echo - Studio 2, Basse Hagström - Echo par Revox A77 et pédale violon "MI" Globule - Studio 2, Basse Hagström, drums - Premier exposé avec écho Revox, second avec pédale wha-wha Color-Sound |
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Tools of the trade : | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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pédale wha-wha Color-Sound
(notez les initiales RJ collées coté gauche !)
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pédale violon "MI" | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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MYSPACE Roland JULLIN | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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