Daniel Loeillot : «  Cette guitare, acquise vers 1973/74, est une commande spéciale basée sur le modèle Studio, un des plus populaires dans la série des solid body Jacobacci de l' époque (moins pesante et manche nettement plus affiné qu' une Les Paul!). J’avais demandé une caisse creuse « hollow body » pour 2 raisons : le poids toujours, puisque certaines prestations scéniques ou répétitions duraient parfois des heures; et le son, puisque un bois massif ou une caisse creuse n' ont pas la même résonance naturelle. Le corps est donc en acajou hyper-fraisé, le centre restant massif et assurant l' équivalent d' une poutre centrale. Table et fond en érable y ont été rapportés, assortis d'un filet-binding blanc avant et arrière. Les 2 ouïes sont également bordées du même filet blanc, finition soigneuse assortie oblige ! Le manche est en acajou 2 parties « contrariées » (fil inversé) et la crosse type enroulée « parchemin » est nettement d' inspiration Burns. L' enroulement n' a pas été sculpté dans la masse comme demandé, mais rapporté-collé. La touche en érable verni est également bordée du double filet blanc et agrémentée de repères noirs en demi-lunes, d' inspiration Gretsch cette fois-ci. Intérieur de l' instrument entièrement blindé par feuille d' aluminium collée. 

Trois micros Gibson gravés et vibrato Gibson/Bigsby acquis à  la Seimatone (Ste d'import Paul Beuscher de l'époque), sans connaître la référence exacte des micros..., un accastillage chromé avec mécaniques monobloc Schaller (grande mode en ce temps-là ), 1 switch on-off par micro et un switch « prise direct / by-pass » des potentiomètres. 

Historique : Nous sommes là à  la grande époque naissante des « customisations » ou commandes spéciales, simplement pour se différencier sur scène par quelque originalité, quelque moins commun que tout le monde. Dans cet état d' esprit, je rencontrais souvent Marcel Dadi dans l' atelier rue Duris; Gérard Blanc de Martin Circus aussi (qui faisait fabriquer, en même temps que ma guitare, un instrument en forme d' étoile, corps et crosse (!), et de finition laquée rose bonbon !), etc. Cet instrument m'a coûté exactement 3.000F, à une époque où une Les Paul Standard en valait déjà pratiquement le double!

Ambiance atelier : Moments extraordinaires dans les copeaux et l’ambiance à  la fois décontractée et laborieuse des frères Jaco qui souvent répondaient  à  nos questions sans lever le nez de leur occupation (avec le recul, ils avaient de la constance de recevoir ainsi tout le monde et n'importe qui, ce, parfois des heures entières !). Ils savaient aussi à  qui ils avaient à faire, et le « trop importun » avait vite fait d' avoir le bec cloué par la réplique opportune, elle, de Roger ! C' était, pour ma part, un véritable respect du savoir-faire : qui n' a jamais vu Roger préparer une touche et y poser les frettes au marteau ne connaît rien au coup d' oeil et au coup de main du bonhomme ! Chapeau et super-chapeau ! Le côté « négatif » de l' affaire (mais le positif prime, rassurez-vous!) se faisait jour sous deux aspects : 1) Les câblages électriques, souvent proches du « va-vite » et quelquefois du totalement risible : fils coupés-soudés hyper-courts et tendus, ou bien fils de 3 kms de long pour aller d' un potard à un autre ! (pardon, André) 2) La non-envie de travailler : il arrivait quelquefois que, pour des raisons qui m' échappent, « l' esprit ouvrier» n' y était pas : l' envie de bien faire, de faire ce que le client demandait ou encore de solutionner un problème (SAV ou pas), rien n'était au rendez-vous... Par exemple, le manche de cette Studio spéciale s' est un jour désolidarisé de son talon, le collage avait lâché et par suite, impossibilité de jouer, fatalement... En vue de réparation, je me suis fait accueillir ce jour-là  un peu fraîchement... La réparation fut sommaire (on en voit encore la trace sur les photos) et mon contentement un peu limite... Caractère trop méditerranéen ? Allez ! Y' a prescription, Roger ! Je t' aime ! »

   
 
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