MARSUPILAMIS STORY
(1)
1961-1965
par François Delaitre
Comme la majorité des groupes
musicaux nés au début des années 60, tout a démarré avec les copains
de classe du lycée. On aimait la même musique, les mêmes groupes
musicaux, et les bricolages électroniques…
A Metz, nos sorties, c’étaient le
ciné et les concerts des Chaussettes Noires avec Eddy,
Eddy avec les Fantômes, Gene Vincent, et la foire de mai où se
produisaient des groupes anglais avec des Echorec Binson ! Quel son !…
On voulait faire comme eux ! Sans ambition professionnelle aucune,
pour le fun dirait-on aujourd’hui.
Une guitare sèche plus tard, puis deux
(milieu 1961), puis une Egmond trois micros (Noël 1961), couleur verte
dégradée, un saxo et voilà le train en marche.

Répétitions dans un garage, dans notre
chambre (merci maman), puis le grand luxe dans une belle salle d’une
MJC.


Un répertoire rapidement accessible à
base de beaucoup de Shadows – morceaux tirés des partitions originales
éditées par The Shadows Music Ltd, un peu de Ventures ou de Spotnicks,
puis un zeste de chant avec des morceaux choisis des Rolling Stones ou
des Animals.

Et toujours ce soucis du son clean
(propre) et teinté d’écho, ce qui nous donnait un net avantage sur les
autres groupes locaux qui en étaient dépourvus pour cause de rareté et
de coût. L’espionnage était alors de mise : « T’as vu, il a un Garen » !…
Un gros magnétophone reçu en cadeau à Noël 1961, un Grundig TK46,
initialement utilisé pour enregistrer Salut les Copains mais
permettant entr’autre le re-recording s’est transformé rapidement en
engin magique grâce à un bidouillage d’une bande en boucle de
conception perso. : Cela permettait de ré-injecter le signal musical
avec plus ou moins d’écho(s) et de délai(s) suivant la vitesse de la
bande. En général la vitesse rapide (19,6 cm/sec.) était la plus
utilisée. Mais « Stranger from Durango » un slow d’enfer, avec un fort
écho lent de 8 cm/sec. et çà devenait tout simplement dantesque. Le
capot du magnéto était soigneusement abaissé pour ne pas laisser
entrevoir la bande miracle. Ce titre nous a d’ailleurs permis de nous
classer second lors d’un crochet organisé sur le podium de la Foire
Expo de Metz, derrière Les Ouragans, groupe de Metz déjà semi
professionnel avec amplis et guitares Fender, et qui avait joué au
Golf Drouot ! Excusez du peu.
Un changement de batteur et l’achat
d’une batterie ASBA ensuite, nous donnait une nouvelle dimension. Exit
aussi le saxo ténor, trop indisponible. C’est avec cette formation que
le groupe a le plus tourné sur Metz et les environs proches (comment
fait-on pour déplacer les musiciens et le matos sans voiture à 18
ans ?).
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A défaut de pouvoir s’approvisionner au
PX des casernes américaines situées à Montigny les Metz (adieu les
belles Fender…), le matériel de qualité, pas trop cher, ne se trouvait
pas loin… en Allemagne. Le seul problème, c’était la douane. L’Europe
n’était pas encore aussi avancée en matière de libre circulation des
biens… Ce fut une rude épreuve en 1962 que d’acheter en deutsche
marks, puis de rapatrier les 2 amplis Binson (20W à tubes) de la Sarre
allemande. Mon père en passant la douane risquait gros ! L’achat chez
Paul Beuscher de deux guitares « accompagnement et basse 6 cordes
Ohio » comme celle des Chaussettes Noires, comportait moins de
risques. Elles étaient préamplifiées chacune par un canal d’un Binson.
La guitare solo avec sa « chambre d’écho » utilisait le premier canal
du second Binson pour le son direct, le second canal était réservé
pour l’effet. Un énorme caisson de grave, quasi intransportable
activait un haut parleur 34 cm Audax de 8 kg ! Ah ! le solo de basse
de Nivram ! Mon ventre en tremble encore… Rapidement, un caisson de
dimensions plus raisonnables devait permettre un transport moins
contraignant tout en fournissant un grave très acceptable. De tout ce
beau matériel, il ne reste plus qu’une Hopf rouge, conservée
précieusement par Jean-Claude malgré l’achat d’une belle Squier, la
guitare Ohio ayant été repeinte en laque blanche du plus bel effet et
revendue en 1967 avec ma basse 6 cordes, mariage et besoins financiers
obligent ! Je n’ai sauvegardé qu’un seul ampli Binson qui est encore
en parfait état d’aspect et de sonorité après quelques remplacements
de composants, des boutons et de la pédale vibrato égarée. Il claque
encore très clair au son d’une authentique vieille Strato et d’une
Gibson SG brune, la même que celle figurant sur une photo d’un
45 T des Chaussettes ! La nostalgie est toujours ce qu’elle
était !


Les Marsupilamis (1961-1965) :
Jean-Claude Priez, guitare solo et
chant
Gérard Delaitre (+ 2006),
accompagnement
François Delaitre, basse et chant
Marc Lambert batterie, puis Jacques
Boileau (encore
en activité au sein d'un groupe country semi-pro !)
Gérard Tessier (+ 1980), saxo ténor.
(1) le nom avait été emprunté
sans autorisation, ni droit quelconque ! : les noms de marques ou
d’artistes sont les propriétés de ceux-ci ou des éditeurs.
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