JSB  i

                     CUSTOM

   
 
Tout au début, pour matérialiser le projet et concrétiser mes désirs, juste une photo avec un collage représentant les deux micros et la plaque avec diverses annotations, liées à la suppression du micro central. Évidemment le travail à effectuer est considérable. Il va falloir boucher l’emplacement central et retravailler les puits destinés à recevoir les micros Benedetti. Les formes et la profondeur des anciens mini-humbuckers Gibson sont totalement différentes. Roger a attiré mon attention sur la hauteur importante du micro Benedetti qu’il m’a offert : les modèles d’avant 1970 comportaient des ferrites qui en doublaient la hauteur et les réservaient de fait aux acoustiques demi-caisses. Camille va donc devoir travailler au millimètre s’il ne veut pas percer la caisse ! Il va falloir aussi supprimer un des contacteurs et retravailler un petit peu la forme en accentuent les chanfreins et creuser un peu la partie arrière afin de l’adapter à mon anatomie de vieux rocker amateur de Kronenbourg depuis 1664 !
   
 
Premier démontage qui permet de dater la guitare : les potentiomètres de marque Homic (les meilleurs de l’époque !) sont datés de 1972 ainsi que les condensateurs pour la tonalité qui sont classiquement de forme haricot. Un super blindage de protection qui permettait d’éviter d’avoir recours au câble blindé et une surprise sous le blindage de la plaque de fermeture : Roger a gravé son prénom avec un stylet. Tout est démonté et conservé précieusement en attendant le remontage quelques mois plus tard…
   
  Premier coup de rabot et en route pour une guitare sur mesures suivant le désir du client !
   
 
 
     
 
   
  Je souhaitais que la partie supérieure arrière du corps de la guitare soit affinée un peu à la manière des Fender afin que le coude se positionne mieux, et bien Camille  a su me convaincre de ne pas lui faire faire cette modification. Il a par contre travaillé davantage la partie inférieure,  ce qui finalement amène un grand confort. Là, j’ai retrouvé la complicité qui s’établissait entre les JACO et leurs clients, car même si Roger se vante aujourd’hui d’avoir fait tout ce que le client demandait, les deux frères savaient dissuader le client de faire parfois des erreurs.
   
 
   
  Pour remplacer le véritable acajou rouge de la réserve paternelle, beaucoup trop lourd au goût des guitaristes de scène, Roger avait trouvé chez son fournisseurs de bois situé à Bagnolet un Acajou blanc d’Amérique du sud à croissance rapide, donc extrêmement plus léger. Bien que plus souple, donc un peu plus fragile aux chocs, ce bois reste musicalement très intéressant, les multiples alvéoles qui le composent agissent comme de petites caisses de résonance, permettant d’obtenir un son et une musicalité proches des modèles STUDIO.
   
 
 
   
  LA cerise sur le gâteau ! Compte tenu de la qualité du travail, j’ai pensé que ce serait sympa d’offrir à la fois à Camille pour son travail et à la guitare qui l’a bien mérité un joli petit losange d’excellence. Cette petite fantaisie a permis de découvrir que, tout comme les luthiers du 19ème siècle à Mirecourt, les Jacobacci utilisaient du placage de poirier pour les têtes de guitare noires. Cette essence permet en effet d’être teintée très facilement en profondeur et peut parfois, grâce à ce subterfuge, être confondue avec l’ébène.
   
 
PRÊT POUR L’AVENTURE ?

PAS DE REMORDS ?

Camille s’inquiète une dernière fois : l’amputation d’un micro n’est pas chose courante, mais c’est le long chemin vers la guitare d’homme chère à Roger. Peut-être que le prochain propriétaire continuera la route pour finir avec un seul micro 

 

 
Après prise de la mesure du puit de micro et découpe, vérification et positionnement du tasseau destiné à combler le vide.
 
L’ajustage se fait au dixième de millimètre pour éviter que les contours n'apparaissent plus tard. Les études de Camille à l’école Boulle sur la rénovation des meubles anciens trouvent ici une application musicale.
 
 
  Travail à la gouge pour permettre le passage des différents fils reliant les micros aux contacteurs.
   
 
Préparation de la défonceuse pour permettre la mise en place du micro Benedetti du chevalet. Encore un joli travail de précision de la part de Camille car, si je l’ai rassuré en lui disant qu’au cas ou il percerait par inadvertance la caisse, on pourrait toujours mettre en place une plaque de protection, sa fierté est de réaliser un travail digne des JACO.
   
 
 
   
  Ponçage, une couche d’apprêt, ponçage,  une couche d’apprêt, ponçage,  une couche d’apprêt, ponçage, une couche d’apprêt, ponçage,  une couche d’apprêt, ponçage ...

Voila tout le secret des finitions parfaites. Après avoir longtemps hésité  sur un nuancier Dupont De Nemours comportant plus de 200 rouges différents, je choisis 3 échantillons et Camille aura la responsabilité du choix final dans la cabine de peinture. Le résultat est un  beau rouge, très années soixante et finalement assez proche du rouge que Roger préparait à l’aide de pigments au fond de l’atelier de la rue Duris.

   
 
 
   
  Blindage pour les micros, remontage de l’accastillage, la belle moribonde reprend des couleurs. Vous remarquerez que l’un des switches a disparu et que, tout comme pour le micro, il n’y a plus aucune  trace apparente sur la nouvelle robe.
   
 
   
 

Les deux micros Benedetti, celui d’origine et le cadeau de Roger.

   
 
 
   
 

Comment rajeunir un micro des années soixante-dix ? La première idée est de bien le nettoyer et de reprendre au pinceau les filets, le nom et la lyre, mais le résultat n’est pas vraiment satisfaisant. Alors, un secret pour une finition parfaite : le filtre d’une cigarette!

   
 
 
   
 

De face, comme de dos, y’a pas à dire

Cette guitare là, elle est terrible !

 

 

Camille Mainnemare : mainnemarre.lutherie@free.fr

   
 
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