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Je suis
l’heureux propriétaire d’une
R2 rouge, numérotée 870211, à micros Gibson, que j’avais achetée aux
frères Jacobacci en 1987 (comme son numéro l’indique) et d’une
JSB2 bleue, non
numérotée, à micros Benedetti, probablement de 1975 d’après ses boutons.
J’avais
échangé la JSB en 1982, chez Dadi, contre une Telecaster dont je
trouvais le son trop aigu et agressif, après avoir eu l’opportunité de
jouer sur une LesPaul Artisan 3 micros. Je préférais le velouté du son
Gibson, ainsi que la facilité de son manche. Je recherchais néanmoins
une Jacobacci, dont j’avais entendu vanter les guitares dès mon
adolescence (milieu des années 60…) comme étant meilleures et
éventuellement moins chères que les Gibson. J’aurais préféré trouver une
Studio 2 ou 3 (celle-ci, mixant les micros Gibson et Benedetti reste mon
rêve), mais j’ai vu cette Jaco qui était pour moi inconnue et dont j’ai
aimé le son et la souplesse de jeu.
Pour la
petite histoire, une dispute de jeunes chatons a un jour causé la chute
de la guitare et l’explosion de sa tête ! J’étais à l’époque convaincu
que Jacobacci n’existait plus. Les offres de réparateurs ne me
convainquaient pas et mes moyens ne me permettaient plus d’acheter une
guitare de qualité équivalente. Je suis donc resté 3 ans sans guitare,
avant de découvrir, en feuilletant un Minitel, le n° de téléphone des
Jacobacci ! S’ils ne m’avaient dit au téléphone de venir, j’aurais cru
l’atelier fermé, tant il était poussiéreux ! J’ai alors rencontré les
frères, qui m’ont dit : « Tiens, une JSB ! », m’ont assuré qu’après
réparation, elle serait encore plus solide que précédemment (c’est
toujours vrai) et m’ont interrogé avec un peu d’inquiétude sur mon degré
d’urgence. Je leur ai répondu que l’on était toujours pressé d’avoir de
nouveau sa guitare, mais que cela faisait 3 ans que j’attendais. Ils
m’ont dit : « 15 jours, ça vous va ? »… ! Inquiet à mon tour, je les ai
interrogés sur le coût de l’intervention. Ils m’ont demandé si 500
Francs ça pouvait aller !!! Vous imaginez, je le pense, ma joie et ma
gratitude envers eux !
J’ai
acheté la R2 en 87, en consolation du décès de mon grand-père, pour le
plaisir d’avoir cette guitare que j’admirais et pour celui de me la
faire fabriquer sur commande par les frères Jacobacci dont j’avais gardé
un aussi heureux souvenir. A l’époque, la mode était aux guitares
japonaises. Emerveillé par la richesse du son de leurs guitares, j’avais
dit aux frères que je me faisais fort, de par mon métier commercial, de
leur en accentuer la diffusion (je ne manquais pas à l’époque de
présomption). Mais ils m’avaient répondu que ça ne les intéressait pas,
que fabriquer 2 à 4 guitares par mois suffisait à subvenir aux besoins
de leurs familles et qu’ils n’en demandaient pas plus… !
J’ai
longtemps été embarrassé par un double emploi entre les deux guitares,
mais n’ai jamais pu me résoudre à vendre ou l’une ou l’autre.
Je ne
découvre que maintenant, en bonne part grâce au livre « Les guitares
Jacobacci »,
- l’étendue des
possibilités de la JSB2, capable, si l’on n’a pas peur, de l’attaque
d’une Strato agrémentée de la profondeur veloutée Gibson, ou de
l’accompagnement classique d’une bossa nova,
- et les solides
qualités rythmiques et mélodiques de la R2 en rock traditionnel.
En
espérant les utiliser correctement sur mon Fender Concert 70W des années
1970 (super avec la JSB2, médiocrement adapté à la R2 mais je le corrige
avec un simulateur Vox) …
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