Barn find, une Jacobacci JB de 1966 trouvée dans une grange

 
     
 

S’il arrive parfois qu'on découvre une Delahaye ou une Talbot Lago dans une grange (la collection Baillon), on ne s’attendrait pas à trouver une guitare Jacobacci dans la remise d’une ferme du Limousin, un modèle rare qui plus est, une JB de 1966. C’est pourtant ce qui est arrivé à Philippe Farges, l’inventeur de ce trésor.

 
     
 

 
     
 

On ne connaît que 3 Jacobacci JB (pour Jacobacci-Benedetti, Michel Benedetti étant, entre autres, le concepteur des micros Golden Sound équipant les guitares Jacobacci à partir de 1967), celle-ci étant à ce jour la plus ancienne et, pourquoi pas, peut-être la première. Sur le tarif de 1971, elle est annoncée à 3.940 F contre 2.250 F pour une R2, soit 75% de plus, ce qui en fait la guitare Jacobacci la plus chère à l’exception peut-être du modèle R. Gimenes, qui ne figure pas au catalogue.

 
     
 

 
     
 

 
 

L’étoile ornant la tête, formée de 8 triangles en Pearloid est semblable à celles que l’on trouve sur les premières Gimenes, apparues la même année. Et comme sur ces Gimenes, la tête ne porte pas pas la signature Jacobacci.

 
     
 

 
 

Les mécaniques Grover Rotomatic PAT. PEND. U.S.A. plaquées-or, sont d’origine.

 
     
 

 
 

Les repères en Pearloid  sont des blocs rectangulaires pleins alors que ceux des autres modèles connus ou de la guitare du catalogue sont des « cadres », évidés.

 
     
 

 
 

La touche est en ébène. Le bas de touche dessine une accolade aux lignes anguleuses plutôt qu’arrondies, semblable en cela à la basse JB de 1967 et à la guitare photographiée sur le catalogue.

 
     
 

 
 

Les micros sont des doubles-bobinages Gibson nickelés ou chromés. Les Golden Sound Benedetti n’ont fait leur apparition que l’année suivante, en 1967. Nous caressons quelques temps l’espoir qu’il puisse s’agir de micros « PAF » (PATENT APPLIED FOR) qui se négocient aux alentours de $2.000 pièce sur Ebay US. Une fois démontés, il s’avère qu’il s’agit de la version suivante, des « Patent Number » (PATENT NO 2 737 842) tout aussi excellents mais à la valeur marchande moindre.

 
     
 

 
 

Le cordier, plaqué or, est lui aussi semblable à ceux que l’on trouve sur les Gimenes de 1966.

 
     
 

A cause de sa valeur historique (nous avons vu qu’il s’agit peut-être de la première JB), nous décidons de restaurer la guitare sans la revernir, en ne refaisant à l’identique que les parties manquantes ou endommagées,  mais de façon à ce qu'elle soit parfaitement jouable. De même, les pièces métalliques seront simplement nettoyées. Morgan Briant, luthier à Gennevilliers se chargera de la restauration, assisté par Antoine Schmitt, son apprenti de l'école de lutherie du Mans

 
     
 

 
     
 

 
 

Morgan commence par relever les cotes. Il évalue dans un second temps l'étendue des dégâts puis étudie différentes possibilités techniques de restauration. L'essentiel de la restauration va concerner le manche. Il est déformé (flexion et vrille) et la touche est en très mauvais état. Le corps ne devrait nécessiter qu'une intervention d'ordre cosmétique.

 
     
 

 
 

Dépose des filets de la touche, des frettes et repères de touche.

 
     
 

 
 

La touche est déposée. La pièce de soutien de la touche, au dessus du corps en bout de manche sera réutilisée.

 
     
 

 
  La touche ébène doit être remplacée. Les filets seront réutilisés. Morgan trace un gabarit qui servira à réaliser la nouvelle touche à l'identique.  
     
 

 
     
 

 
 

Le manche a été démonté et il a fallu effectuer un renversement (la guitare aurait été injouable autrement). Le truss n’a pas été changé mais dégrippé. Il est parfaitement fonctionnel.

 
     
 

 
 

Le manche est mis sous tension avec un nouveau jeu de cordes. Il est fréquemment humidifié et le tirant régulièrement augmenté, sur une durée plusieurs jours, le but étant de rattraper, autant que possible, la déformation due aux 20 années où l'instrument a été stocké sans cordes.

 
     
 

 
     
 

 
 

Une fois la nouvelle touche en ébène premier choix posée, les filets d'origine, qui ont été conservés, sont recollés. Ils ont subi une rétractation et il faut faire des retouches avec des filets correspondants sur la face (une opération dure et longue, mais le résultat est quasi invisible). La partie manquante en bas de touche est remplacée à l'identique. Tous les repères rectangulaires sont remplacés par des repères en nacre naturelle. Les nouvelles frettes sont des Flat Jazz en maillechort (nickel silver).

 
     
 

 
 

Le cache de la barre de renfort a été perdu. Il s’agissait sans doute de la plaque métallique ornée d’une lyre que l'on trouve sur la tête des Gimenes de 1966. La pièce étant réputée introuvable, nous nous rabattons sur un cache taillé dans le plastique laminé 2 plis noir, blanc utilisé pour les plaques de protection et qui reprend la forme de celui de l'autre guitare JB connue.

 
     
 

 
 

Le sillet d'origine en celluloïd s'était désagrégé. Il a été remplacé par un sillet en os.

 
     
 

 
 

Les boutons manquants (Gibson) ont quand à eux été remplacés par des copies à l'identique, faciles à trouver.

 
     
 

 
     
 

 
 

Retrouvez la fiche de la guitare sur le site Jacobacci.

 
     
 

 
 

Avant/Après

 
     
  Morgan Briant, Philippe Farges et Marc Sabatier, septembre 2015  
 

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