Restauration Jacobacci Texas 07564


Cette guitare a été achetée chez Major Conn en 1964 par Edgar Legallais (le grand-père de mon vendeur), qui avait un groupe sur Le Havre.
C’est une des dernières Texas produites.
J’ai récupéré cette guitare avec les dégradations habituelles connues sur les Texas : binding cristallisé, bord de table pailleté attaqué, plaque arrière rétrécie.
Elle a 2 particularités :
- un trou dans la table, sous le cordier, logement prévu pour le ressort d’un vibrato Tremar Hagstrom.
- des micros RV Tonemaster avec 6 pôles aimants, comme sur la Fender Stratocaster, au lieu des 6 vis habituelles.

Etat des lieux lors de l’acquisition :

 




 



Remarques concernant la fabrication d’origine :

On connaît le peu de bénéfice que les frères Jacobacci tiraient des guitares vendues par Major Conn. De ce fait, les parties non visibles étaient réalisées à la « va-vite ». L’intérieur de la guitare est creusé sans grand soin et le câblage électrique est un peu « bâclé ».

 


 



Concernant la restauration, le plus gros problème pour moi qui ne suis qu’un amateur, a été de savoir comment restaurer la table au plus près de l’origine.

Le revêtement de la table se compose d’une couche genre verni, de paillettes et d’une couche support, qui s’avère être probablement plastique, alors qu’elle ressemble à du papier ou du tissus (pas de ramollissement après une nuit dans l’eau).
Je suis tenté de croire qu’il s’agissait d’un revêtement décoratif, collé avec le multiplis lors du moulage de la table bombée, avant découpe de celle-ci, aujourd’hui probablement introuvable …

Ce revêtement est retiré sans aucune difficulté.

 


 



Je fais des essais sur un vieux corps de guitare, entre autres :


- projection de paillettes mélangées avec du verni.
- verni non sec puis paillettes projetées avec un pistolet spécial.
- verni non sec puis paillettes saupoudrées à la main.
- papier pailleté.
- tissu pailleté
- etc.

Ceci directement sur le bois ou sur une couche d’apprêt.


 



 



La solution que je retiens finalement est un tissus pailleté argent, collé sur la table.

J’en profite pour obturer le trou du ressort de vibrato, car je choisis de conserver le cordier Major.

Il restait à résoudre le problème du raccordement entre ce revêtement et le binding de bord de caisse. A l’origine, le binding débordait du niveau de la caisse, afin de tenir compte de l’épaisseur du revêtement.

Comme le binding est à refaire, je pense le laisser dépasser de 1 à 2 mm, afin de pouvoir couper mon tissu au cutter dans l’angle ainsi formé.
Après quoi je prévois d’araser le binding à hauteur du revêtement, sans abimer les paillettes. Opération délicate.
Finalement, mes paillettes sont solides et je ne les abimerai pas. La découpe au cutter est très difficile et il y aura quelques manques le long du binding que je comblerai avec un mélange de verni et de paillettes en vrac.

Au final, l’ensemble sera recouvert de nombreuses couches de verni nitrocellulosique, teinté en rouge, avec les ponçages en conséquence, jusqu’à obtention de la teinte désirée.

 



 

Je pense que le résultat final est très satisfaisant.

Revenons à notre binding.

Un binding de 9 mm de haut et de 4 mm d’épaisseur est très difficile à mettre en place. J’ai réalisé un montage permettant de préformer le binding, sur le principe de celui réalisé pour une Jacobacci Royal qui m’avait été gracieusement donné par Patrick Querleux, luthier (en retraite), près de Lisieux.

Le matériau utilisé pour ce binding est de l’acétate de cellulose, découpé à la demande en bandes, provenant de chez Décoracet, à Oyonnax.

De l ‘eau bouillante et le sèche-cheveux qui va bien font l’affaire pour le cintrage. Oublier tout pistolet à air chaud qui chaufferait de trop.

Collage à la cyanolite sur le corps.

 



Le manche nécessite une petite planification. Pour cela, les frettes sont retirées (elles ne tiennent d’ailleurs pas très bien) et seront changées. Je privilégie toujours des frettes neuves aux vieilles frettes.

Je décolle aussi les repères de manche.

 


 



Le manche est entièrement décapé, les bindings changés. Il sera verni avec une teinte merisier assez soutenue, comme à l’origine.

Nettoyage et remontage des mécaniques SB d’origine.

 



 


Comme je l’ai évoqué au début, les micros sur cette guitare sont particuliers. Il semblerait qu'ils aient été réalisés « pour voir », et que seulement quelques exemplaires en ait été équipées; on ne les retrouve que sur une ou deux autres guitares connues.

Les photos suivantes montrent bien la différence existant entre un RV standard et cette autre version.

L’aimant (ou les 2) qui couvre la bobine ainsi que les 6 plots vissés sont remplacés par 6 plots aimants tels que ceux que l’on trouve sur les Fender Stratocaster. Ces plots sont réglables, mais non sans difficulté puisqu’il faut sortir le micro pour accéder à des petites vis de blocage.

Les points communs entre les 2 versions sont la bobine, et le capot (sauf 6 trous plus grands pour les plots aimants).

J’ai dû changer la bobine du micro manche qui ne fonctionnait plus, et j’ai remplacé le capot en mauvais état par un autre d’origine.

 

 

Micro RV standard :



Le montage du chevalet Lustigman fait aussi partie des points « non fignolés » de cette guitare. Les 2 pivots de fixation dans le corps étaient trop écartés de 2 bons mm par rapport au chevalet. Le chevalet était monté sous forte contrainte. J’aurais pu corriger ce défaut d’entraxe sur le corps, mais je m’en suis aperçu alors qu’il était terminé et je ne voulais plus y toucher. J’ai donc mis des bagues en laiton dans le chevalet pour repercer des trous au bon entraxe.

D’autre part l’écartement des cordes était trop important et celles-ci venaient trop au bord du manche, avec des risques de dérapage conséquents. J’ai donc refait les molettes d’appui des cordes afin de les resserrer d’environ 3 mm. Cette modification est visible mais aurait pu être faite à l’origine pour la rendre la guitare plus jouable.

 


 



J’ai recâblé l’électronique, changé les potentiomètres de volume général et de tonalité, ainsi que le condensateur qui n’étaient pas adaptés, pour des éléments de caractéristiques différentes. En effet, lorsque le potentiomètre de tonalité se trouvait sur la position « grave », le volume était quasiment coupé.

 



 


Habillage final :

Cordier d’origine

 


 




Boutons de potentiomètres Jacobacci originaux




 

Pickguard d’origine retaillé au mieux. Les découpes pour le passage des micros n’étaient pas très belles.

Avant :


 


Après :


Plaque arrière :

La plaque d’origine s’était rétrécie d’un bon cm sur sa longueur. Je l’ai remplacée par une plaque retaillée dans une feuille de PVC noir de 3mm d’épaisseur.

Pour sa fixation, le plus simple a été de reboucher tous les trous du corps avec des petites chevilles en bois  et de repercer la nouvelle plaque fixée sur le corps.

 

Retrouvez ici la page consacrée à cette guitare

 

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